« Si vous voulez devenir écrivain, il y a avant tout deux choses que vous devez impérativement faire : lire beaucoup et beaucoup écrire. Il n’existe aucun moyen de ne pas passer par là, aucun raccourci. »

« J’aime bien rédiger dix pages par jour, ce qui équivaut à deux mille mots, soit cent quatre-vingt mille sur une période de trois mois. Certains jours, ces dix pages me viennent avec facilité. Parfois, lorsque ça ne vient pas, j’y suis encore à l’heure du thé. Peu importe, en réalité. Ce n’est que contraint et forcé par les circonstances les plus extrêmes que je m’autorise à m’arrêter avant d’avoir mes deux mille mots. »

03 – Écrire tous les jours, oui mais comment ?

La première fois que j’ai lu cet extrait du livre « Écriture, mémoire d’un métier » de Stephen King, j’étais dévastée. Peut-être as-tu lu comme moi beaucoup de livres, d’articles ou écouté plusieurs podcasts recommandant d’avoir une discipline de fer pour terminer un livre ? Peut-être as-tu essayé d’écrire tous les jours et que tu n’y parviens pas ? Ou à l’inverse, peut-être y parviens-tu très bien, en adoptant un système qui t’est propre ? Mais « Écrire tous les jours, est-ce réellement possible ? »

Prends ta boisson chaude préférée, installe-toi il est temps de discuter de cette question qui effraie, fâche ou décourage plus d’un auteur et plus d’une autrice. 

Le constat

J’ai lu plusieurs livres et conseils sur internet lorsque j’ai tenté à plusieurs reprises de me lancer dans un nouveau roman ou une nouvelle pour ensuite ne jamais les terminer. Mais le livre de Stephen King dont je t’ai lu quelques extraits m’a beaucoup aidé dans ma recherche d’outils concrets pour créer une routine d’écriture qui me ressemble. Je te le recommande, même si tu n’écris pas de polars c’est une mine d’informations. 

Pour devenir écrivain ou écrivaine, il faut donc lire et écrire beaucoup. 

À l’époque où j’ai lu ce livre, lire beaucoup n’était pas un problème. J’ai su lire avant mes 6 ans, et je pouvais lire 10 livres par semaine avant d’entrer en classe préparatoire. Lire a toujours été mon activité favorite. Par contre, à cette époque, j’avais décidé de tenter d’accorder à nouveau de l’importance à l’écriture. J’ai donc essayé d’appliquer cette technique de Stephen King. J’ai tenté pendant deux semaines, je crois, de m’asseoir religieusement devant mon support d’écriture et d’écrire deux mille mots… et de ne rien faire d’autre tant que je n’avais pas réussi. Cela a été deux semaines horribles. Une appréhension et une anxiété grandissaient en moi de manière croissante et les idées ne venaient pas du tout. J’ai fini par arrêter par crainte d’être en blocage total. Même écrire mille mots devenait difficile. 

Mais plus je faisais de recherche, plus je me rendais compte que Stephen King n’était pas le seul à recommander de s’imposer cette contrainte afin de donner vie à son roman. 

J’ai assisté à une master class de Leïla Slimani au cours de laquelle on lui a demandé si elle écrivait tous les jours. Elle a répondu oui. Elle ne sortait pas de l’espace réserver à l’écriture tant qu’elle n’avait pas noirci quelques pages. D’ailleurs si son processus créatif et d’autres informations liés à sa vie d’écrivaine t’intéressent, j’ai retranscrit les points de cette master class dans un article sur mon blog. Je te mettrai le lien dans la description du podcast. 

Leïla Slimani écrit donc également tous les jours, comme beaucoup d’autres écrivains et écrivaines. Cependant, comme beaucoup d’écrivains et écrivains, elle n’écrit pas forcément tous les jours quelque chose liée à son projet de roman actuel. Et c’est une nuance qui a toute son importance. 

En fin de podcast, je te partagerai des astuces pour écrire tous les jours un texte qui soit lié à ton livre. 

Mais, commençons d’abord par ceux pour écrire tous les jours ou presque, indépendamment de ton projet d’écriture.Lorsqu’en effet, tu t’enlèves l’angoisse et le stress générés par le fait de devoir écrire tous les jours des pages liées à ton livre, eh bien tu te surprends, parfois, à avoir beaucoup d’autres choses à dire. Je fais partie des personnes qui pensent qu’écrire à propos de n’importe quoi, quels que soient le sujet ou les mots qui nous passent par la tête, nous aide à donner vie à notre livre. Pourtant, même en étant libérées de cette contrainte, certaines personnes ne parviennent tout de même pas à écrire un seul mot. Elles ne savent tout simplement pas par quoi commencer.

Les outils

Je vais te parler des outils que, moi, j’utilise, et je pense ne pas être la seule, pour écrire tous les jours. Des outils concrets simples, permettant de contourner la peur de la page blanche, et surtout, surtout, participant à nous aider à terminer ce livre, qui hante nos jours et nos nuits. 

Depuis petite je tiens un journal. Cela a commencé par un journal intime, puis un journal de contes, et un journal de nouvelles. J’ai tenu également un journal intime sous forme de poèmes, un journal de mes rêves, un bullet journal et un journal de gratitude. Depuis toujours, j’écris quelque chose, quelque part. Même si je n’ai jamais réussi à me forcer très longtemps à écrire à un moment donné et durant un temps déterminé, je suis toujours parvenu à écrire des mots sur un support papier ou numérique. J’ai réussi à écrire, des textes, plus ou moins longs, sans qu’ils ne soient liés à mon activité professionnelle. 

Quel que soit le genre littéraire que tu affectionnes et dans lequel tu écris, je pense que ces outils, ces différents journaux peuvent aider à écrire tous les jours. Depuis quelques années, j’ai commencé à prendre l’habitude de remplir l’un de ces journaux et de continuer à écrire ensuite sur la thématique de mon choix. Souvent, je finissais par écrire des choses qui étaient en lien avec les nouvelles ou le roman sur lequel je travaillais. Et ce faisant, à force de répétition, j’avais plus de facilité à écrire mille mots et parfois même les deux mille mots dont parle Stephen King, si ce n’est plus.

Comment ces outils peuvent t’aider à écrire tous les jours ?

Premièrement, tenir l’un de ces journaux te permet de faire une météo intérieure. 

En fonction de ce que tu écriras, des émotions associées, tu auras une idée de ton état d’esprit actuel. S’il est bon, cela sera plus facile d’écrire par la suite et d’avancer sur ton projet d’écriture. Et s’il ne l’est pas, c’est aussi une manière de te rendre compte qu’aujourd’hui, l’humeur ne s’y prêtant pas, il te faudra sans doute écrire sur une autre thématique que ton projet de livre. Mais pas forcément. En fonction de ce que tu ressens, tu peux également t’inspirer de ces émotions et pensées moins agréables, pour nourrir ton roman et tes personnages.

 On dit souvent qu’on s’inspire de ce qu’on écrit pour donner vie à la trame, au squelette, d’un livre. Je pense qu’on s’inspire également de ce qu’on ressent pour lui donner du corps. En tenant l’un de ces journaux, tu fais donc le point sur ton état émotionnel, ce qui peut donc t’aider par bien des manières pour mener à bien ton projet d’écriture. Si tu n’as pas écouté l’épisode de la semaine dernière, je t’invite à le faire. J’y parle de la manière dont la visualisation peut également t’aider à faire face à des émotions difficiles.

Deuxièmement, en complétant l’un de ces journaux, tu débutes ta session d’écriture par quelque chose d’anodin, qui demande souvent peu de réflexion. 

En effet, puisque je remplis ces journaux en m’inspirant de mon quotidien, j’ai constaté que je conditionnais mon cerveau à ce qui allait suivre et que cela me donnait envie d’écrire. Voire même d’écrire plus et plus longtemps. En fait, ces journaux qui s’assimilent d’une certaine manière à de l’écriture thérapeutique aident à écrire les premiers mots en désamorçant tout le stress lié à la routine d’écriture quotidienne. 

Troisièmement, et c’est peut-être le seul point à retenir, c’est que ces journaux ont l’avantage de par leur nature, à installer l’action d’écrire tous les jours. 

Et c’est bien cela qu’on cherche. On ne le répètera jamais assez : l’écriture est un muscle qui, si possible, se travaille tous les jours. Écrire un livre, à mon sens, n’est pas un sprint, mais un marathon. Grâce à ces journaux, tu écris, même si ce que tu écris n’a rien à voir avec ton livre, ce qu’il faut retenir, c’est que tu écris. Et comme je l’ai dit précédemment, souvent, cela te pousse à avancer dans ton projet d’écriture. 

Enfin, pour ma part, j’ai constaté que parfois, en étant concentrée à remplir l’un de ces journaux, une idée me venait pour mon livre. 

Une idée qui peut ne rien avoir avec ce que j’étais en train d’écrire dans le journal en question et qui souvent s’avère être excellente pour mon livre. Quand on est touchée par la déesse inspiration, il serait fou de l’ignorer. Il serait encore plus fou de ne pas réutiliser un outil qui a bien fonctionné pour nous aider à booster notre créativité, non ?

Le journal intime, le journal de gratitude, le journal des rêves, et même le bullet journal peuvent donc t’aider à écrire tous les jours. Alors, pourquoi ne pas essayer, pourquoi s’en priver ? Je suis quelqu’un qui se lasse vite de la routine quand il s’agit d’écriture. J’aime la diversité, la liberté, la possibilité de mélanger. C’est sans doute la raison pour laquelle je tiens plusieurs journaux et que j’alterne en fonction de mon humeur et de mon envie. Mais je te parlerais de mon processus créatif en détail une autre fois. Quoiqu’il en soit, si tu es intéressé. e par la manière dont tu peux utiliser ces journaux pour t’aider à écrire tous les jours, j’ai créé un workbook en téléchargement gratuit sur mon site qui aborde le sujet. 

Dedans tu trouveras une description de chacun de journaux, leurs bienfaits, comment moi je les utilise. 

Mais surtout, je t’y propose une manière de les combiner à quinze idées de thématiques d’écriture pour stimuler ta créativité et, si tu es comme moi, éviter de te lasser. Aujourd’hui, je continue de les utiliser, car j’ai pu constater et apprécier leur efficacité. C’est effectivement, en partie grâce à ces journaux que j’ai trouvé l’inspiration pour écrire mon premier recueil de poésie « au-delà de nos maux » et une partie de son contenu. Mais, même en dehors de la poésie contemporaine, quel que soit le genre littéraire dans lequel tu écris, je le redis, je pense vraiment qu’ils peuvent aider toute personne qui écrit et souhaite devenir auteur ou autrice. Essaie-les, je serai heureuse d’avoir tes retours et surtout de savoir si toi tu écris tous les jours et si oui, comment tu t’y prends. 

Comme pour toute chose, écrire tous les jours est une habitude à prendre. Et pour prendre une bonne habitude, mais surtout pouvoir la tenir, voici quelques mécanismes qui pourront peut-être t’aider à y parvenir. 

Premier outil — écrire en fonction du temps

Tu peux au début, écrire par cycle court de plusieurs minutes. Même 10 minutes tous les jours ou tous les deux jours sont un bon début pour t’aider à ancrer l’habitude d’écrir. Petit à petit tu augmenteras ce temps. Certaines personnes écrivent une quantité de mots tous les jours. D’autres sont plus à l’aise à l’idée d’écrire pendant un certain temps tous les jours. C’est à toi de voir. Mais surtout, tiens-toi à ton engagement plus qu’à la durée ou à la quantité si certains jours tu ne parviens pas à aller jusqu’au bout.

Deuxième outil — associer l’écriture à une autre action

Jusqu’à présent je t’ai parlé du fait d’écrire après avoir par exemple médité, ou après avoir tenu un journal. Mais tu peux également écrire en l’associant à d’autres actions. Tu peux décider d’écrire en prenant ton café. Tu peux également te dire que lorsque tu vas faire une promenade, tu t’installes à un endroit ou sur ton banc préféré et que tu écris. Ou troisième exemple, tu peux écrire après avoir lu. L’essentiel est de lier l’écriture à une autre activité que tu as déjà l’habitude de faire. Dans la mesure où on recommande d’écrire et de lire beaucoup pour devenir écrivain, le fait de lier les deux peut te motiver à le faire tous les jours pour atteindre ton objectif.

Troisième outil — mesurer tes progrès

Si tu écris sur un support numérique, tu peux grâce à n’importe quel logiciel comptabiliser le nombre de mots que tu as écrit et le noter tous les jours sous forme d’un graphique. En voyant la courbe monter, cela te permettra de mesurer tes progrès et t’aidera à rester motivé. e Si tu utilises un support papier pour écrire, tu peux décider que tu rempliras une page tous les jours pour commencer. Au fur et à mesure tu écriras un peu plus, passeras à trois pages, puis quatre, jusqu’à définir le nombre de page quotidienne ou hebdomadaire que tu estimes devoir écrire pour arriver à terme à terminer d’écrire ton livre.

Quatrième outil — construire un environnement réconfortant

Certaines personnes écrivent n’importe où. C’est mon cas. Lors de mes séances de dédicaces, j’ai toujours un cahier avec moi dans lequel j’écris soit en fonction d’une thématique définie soit en écriture automatique. Parfois, il m’arrive également d’écrire dans le métro. J’ai bien un endroit particulier chez moi pour écrire, mais je sais m’adapter. Si à l’inverse, tu as besoin d’un siège, d’un cadre défini, d’avoir une boisson chaude ou de quoi manger, bref, construis l’environnement le plus adapté qui te permettra de te sentir inspiré, à l’aise pour tes sessions d’écriture. Il s’agit là aussi de réduire tous les obstacles existants qui pourraient t’empêcher d’écrire.

Cinquième outil — s’entourer d’autres écrivains

L’union fait la force. Si tu préfères écrire seul.e c’est OK, mais tu peux également rejoindre des groupes Facebook d’écrivains ou des ateliers d’écriture en ligne ou en présentiel. J’en anime en live sur Instagram et j’ai souvent des retours des participants indiquant qu’écrire en groupe les a stimulés. Les thématiques sont variées, ce qui permet à tout un chacun d’écrire, quel que soit son genre littéraire. Ma volonté à travers ces ateliers est de déclencher les premiers mots et d’aider les participants à passer une agréable session d’écriture en se détachant de leur livre ou de la peur d’écrire ou de celle d’être bloqué par la page blanche. 

Je terminerai cet épisode en insistant tout de même sur un point. Même s’il est recommandé d’écrire tous les jours, à mon sens il est intéressant de nuancer ce point pour éviter de dramatiser, de culpabiliser et d’ajouter une nouvelle difficulté à nos efforts pour donner vie à notre livre. Chacun et chacune est différent, le principal est d’écrire régulièrement. Même si tu n’écris que deux fois par semaine, mais, toutes les semaines, c’est déjà ça. Trouve ton rythme, celui qui te convient, c’est celui-là qui t’amènera au bout de la course sans que tu t’essouffles en cours de route.

En attendant le prochain épisode, tu peux rejoindre la communauté d’écrivains en t’inscrivant à la newsletter l’Essentiel. Tu recevras des outils pratiques pour t’aider à donner vie à ton projet d’écriture et construire ta vie d’auteur.

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