Devenir éditrice
J’ai rencontré Idiatou grâce au projet Fragments, créé par Maggy Daggo (je t’en parle dans cet article et celui-là). Idiatou suit un master dans l’édition et les métiers du livre. C’est un univers que j’aurais aimé découvrir et je me suis dit que je ne suis peut-être pas la seule ! Au programme : les formations à suivre, les étapes pour créer une maison d’édition, les obstacles pour éditer des livres et bien d’autres sujets encore. Que tu aies choisis l’édition ou l’autoédition, il y aura des réponses aux questions que tu te poses.
Voici un aperçu de notre échange :
Est-ce que tu as toujours su que tu ferais ces études ?
Je ne savais même pas que cette filière existait, j’étais partie pour faire du droit, conformément à ce que mes parents voulaient. Mais en 2017, j’ai décidé de faire une licence en lettres et, de fil en aiguille, j’ai découvert qu’il y avait un master en édition. Et c’est à partir de là que je me suis lancée en me disant qu’il y aurait plus d’opportunités dans ce domaine. J’y suis aussi allée parce que j’aimais écrire et que cet univers m’intéressait. Je me suis rendu compte que quand je parle avec les gens, ils ne savent pas trop ce que ce master veut dire et qu’il existe. Ils pensent qu’il conduit à écrire des livres. Il faudrait plus communiquer dessus.
Pourquoi un master et pas autre chose ?
Je suis quelqu’un de très paresseuse, donc les recherches, c’est pas trop mon truc. Moi, j’étais à la Sorbonne en lettre, métier du livre et édition et je savais que la continuité serait le master. Mais je n’avais pas non plus envie de rester à Paris, il me fallait trouver une fac qui propose aussi ce master. C’est un milieu fermé, à chaque master, il n’y a pas beaucoup de places, une trentaine. On y entre par dossier de candidature suivi par une interview. Ils demandent aussi quelques textes pour voir si tu t’intéresses vraiment au métier du livre et si tu as un projet d’avenir autour de ça. En général ce sont les passionnés qui se tournent vers ces métiers.
Qu’est-ce que tu apprends dans ces cours ?
Dans cette formation, on nous incite à toucher à tout. Les formateurs sont très à l’écoute de nos envies. Le master 1 n’était pas très parlant, car comme on était confinés, on a eu beaucoup de cours à distance. Il y avait des choses qui nécessitaient d’être sur le terrain, mais, étant bloqués, on a dû se contenter de cours à distance. Nous avons eu aussi beaucoup de cours de littérature sur cette période, mais, ce n’était pas ce qu’on voulait. Cette année on a pu retourner en cours et c’était bien plus parlant. On a des cours de correction, on se forme sur des cours de PAO comme Indesign. Nous avons eu beaucoup de professionnels qui viennent nous donner des cours, que ce soit dans la distribution, la diffusion, ou encore des librairies. Les professeurs se basent sur les aptitudes qui nous manquent ce qu’on a vu aussi en stage également. Enfin, la formation nous apprend à croire en projet, et donne des clés pour réaliser ce projet-là. Par exemple, j’ai deux réels projets à imaginer. Il y a eu le projet Fragment et, dans le second cas, je dois réfléchir à une collection entière.
Il y a tout de même des enjeux, on ne reste pas que dans le glamour lorsqu’on parle d’édition, si ?
Faut pas croire, c’est très noble le métier d’éditeur, mais ce qu’on cherche avant tout aussi, c’est se faire de l’argent. Notre travail est aussi de repérer des pépites et de croire en elles. Les grandes maisons d’édition ont souvent les moyens de financer des projets qui ne toucheront pas forcément beaucoup de personnes. En revanche, les petites maisons d’édition doivent jongler entre des oeuvres à gros succès potentiels et s’appuyer sur elles pour permettre à d’autres oeuvres peut-être plus risquées d’être tout de même éditées.
Est-ce qu’il y a des choses que tu aimes ou détestes ?
J’aime la correction, car je sais que je devrais en faire. Ce que j’ai moins apprécié, c’est l’apprentissage d’Indesign parce qu’on a trop été lâché dans la nature sur ce domaine-là. On a eu que deux mois pour tout penser, pour réaliser toutes les actions liées à la sortie d’un livre. Ça a été un peu trop stressant pour cette partie-là.
On recommande d’avoir un plan marketing de 3 mois minimum avant la sortie du livre, tu confirmes ?
Oui, effectivement, les maisons d’édition font tout ce qu’elles peuvent pour respecter les délais, mais oui cela peut être long. Mais oui, le marketing est important, il faut savoir qu’elle est ta cible. On a eu que 6 à 9 heures maximum dessus. Mais j’ai appris plein de choses : tout produit à sa cible, il faut bien étudier ta cible. Quitte à faire des buyers persona, travailler cette cible, trouver ce qui peut toucher la personne. Il faut créer un lien autour de son produit, des personnes auxquelles on s’adresse aussi. (se référer à l’épisode 9 du podcast )
Quelle est la place de la poésie dans vos cours ?
Pour mon projet de mars, il y a deux personnes qui ont publié des recueils de poésie, et elles ont quand même réussi à publier les recueils. On n’étudie pas vraiment les genres littéraires dans mon master, c’est plutôt lors de mes études littéraires que je l’ai abordé. Malheureusement, on s’intéresse beaucoup à la littérature classique et non moderne. Il faudrait s’orienter vers une poésie plus dans l’air du temps. Mon cursus est vraiment centré sur les métiers de l’édition. On estime que l’on connaît déjà les genres littéraires lorsqu’on arrive dans ce master.
Est-ce qu’on aborde l’écosystème de la chaîne du livre dans ta formation ?
C’est très important de connaître la chaîne du livre et c’est très important de comprendre que ce sont des métiers pour lesquels il faut avoir du réseau. En général les librairies sont soudées, surtout s’ils travaillent avec des représentants, il faut avoir une bonne relation avec eux. De même, les maisons d’édition doivent garder de bons rapports avec les libraires. Oui il existe des conglomérats comme Hachette groupe, comme Gallimard, qui sont de grandes maisons d’édition qui ont au sein de leur structure des petites maisons d’édition et c’est ce qui fait leur force.
Est-ce que vous avez des cours sur la partie juridique ? Qu’est-ce qu’on vous apprend par rapport à la relation entre maisons d’édition et l’auteur ?
Mon combat, lorsque j’aurai une maison d’édition, ce sera de faire en sorte que les auteurs soient payés de la manière la plus juste. Mais il faut aussi arriver à trouver un équilibre de sorte que ma maison d’édition reste rentable.
Est-ce qu’on vous parle des obstacles que vous pouvez rencontrer dans la création de la maison d’édition ?
Dans le cours sur l’entrepreneuriat oui. La crise du papier a été abordée par exemple en cours. Il s’agit de toujours s’en rendre compte et garder en tête qu’il peut y avoir ce genre de problème. Les meilleures maisons d’édition ou les personnes qui arrivent à faire de grandes choses dans leur vie sont les personnes prévoyantes. C’est important d’avoir un bon plan financier, et d’avoir des auteurs qui marchent bien lors de ce genre de crise.
Quelles sont les étapes que tu as dû réaliser pour aider Maggy dans son projet ?
Il a fallu signer un contrat avec Maggy, mais également avec toutes les femmes dont elles avaient pris des photos qui iraient dans le livre. Ensuite j’ai discuté avec elle pour connaître ce qu’elle voyait en termes de mise en page, j’ai retravaillé un peu les photos, pensé au type de photographie adaptée. Puis il y a eu l’étape de la correction qui a été plutôt rapide. Enfin le choix de la couverture, du prix – d’ailleurs on a une application qui donne un prix en fonction de tous les éléments qu’on indique. J’ai aussi dû choisir le bon type de papier puisqu’il s’agissait d’un livre photo. Et pour terminer, il y a eu l’étape du BAT, et aussi le nombre de tirages.
Ecoute la suite dans le podcast !
Découvre également les autres épisodes hors-série :
- 1 – hors-série : le parcours de l’autoédition à la maison d’édition de Pauline Bilisari !
- 2 – hors-série : construire et choisir sa vie d’artiste-auteur avec Vague à l’âme
- 3 – hors-série : (Auto)édition et chaîne du livre avec Louis Groult, librairie
- 4 – hors-série : avis & interview de la plateforme Edith & Nous
- 5 – hors-série : écriture et entrepreneuriat avec Margot Dessenne
- 6 – hors-série : muscler sa plume et en vivre avec Britany Lefebvre
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