Barbe bleue - Amélie Nothomb | Édition Albin Michel

Mon ambition était de devenir un œuf.

Après avoir été un peu déçue par la lecture de « Soif » j’espérais que mon prochain Nothomb, serait plus agréable et me plairait. Malheureusement « Barbe Bleue » n’a pas été à la hauteur. Paru en 2012, c’est le 21e ouvrage de l’auteure.

L’histoire reprend le conte connu du même nom de Charles Perrault, en l’adaptant à notre époque et en modifiant bien évidemment certaines parties de l’histoire : absence de certains personnages du conte d’origine et fin totalement différente. Ce n’est pas cela qui m’a gênée ou qui a causé ma déception.

Commençons par les personnages. 

L’héroïne, Saturnine, jeune belge ayant décroché un job à l’école du Louvre décide de s’installer dans la demeure d’un aristocrate à la recherche d’une colocataire féminine uniquement. La réputation de ce dernier est sinistre puisque toutes ses précédentes colocataires auraient disparu dans d’étranges circonstances. Cela n’effraie pas pour autant Saturnie, qui au départ, pense qu’il ne s’agit que d’une rumeur sans fondements. Au fur et à mesure de l’histoire, elle apprendra tout de même qu’il y a du vrai dans cette rumeur et qu’en outre, elle risque elle-même d’être la neuvième victime de son colocataire. 

La trame de l’histoire et donc basée sur les recherches de Saturnine, curieuse de démêler le faux du vrai. La curiosité reste, comme dans le conte, le vice qui pourrait la conduire à sa perte. À travers les échanges des deux locataires pour apprendre à se connaître, Saturnine commence à démêler le faux du vrai, à voir ses sentiments pour le conte se transformer. Si celui-ci est éperdument amoureux d’elle, la jeune femme de son côté se refuse à céder aux avances de l’aristocrate et compte bien ne pas finir comme ses prédécesseurs. Ce qui m’a déplu chez ces deux personnages dont les dialogues constituent quasi l’essentiel du corps du roman est l’absence de cohérence dans ces mêmes dialogues. Je n’ai pas réussi à trouver un intérêt ou un sens à certains des échanges. 

Il est vrai qu’on retrouve dans ce roman les traits caractéristiques de la patte d’Amélie Nothomb : dialogue tout du long donc, joute verbale, et fin pliée vite fait bien fait. 

À cela sont venues s’ajouter des références historiques et culturelles qui semblaient inutiles et fausses, détournant le lecteur de l’intrigue principale et le perdant au passage. J’ai vite été lassée par ce style qui caractérise l’ensemble du roman, et par l’absence de profondeur des personnages également. On ne connaît pas leur passif, on ne comprend pas leur nature et on n’arrive pas à savoir si on les déteste ou si on les trouve tout simplement ennuyeux.

Beaucoup d’amateurs et amatrices d’Amélie Nothomb lisent religieusement chacun de ses ouvrages depuis le tout premier. De mon côté, j’ai pris l’habitude de lire les Nothomb bien après leur sortie, car trop souvent déçue par ceux que j’avais lus plus jeune. Cela m’évite de payer cher un ouvrage que je risque de trouver médiocre ou d’être tentée d’acheter le format broché qui sera à nouveau écrit en gros caractères avec, presque, autant de pages blanches que de pages écrites. 

Pourquoi continuer à lire du Nothomb quand on est à ce point déçu donc ? Sans doute par espoir que le prochain, sera à nouveau aussi captivant, palpitant, plein d’humour, d’un style littéraire épique qu’on a une fois perçu et dont on s’est délecté. C’est sans doute l’espoir qui nous pousse à continuer à lire du Nothomb, mais je pense que les stratégies commerciales liées à cette auteure finiront par nous avoir à l’usure. Dommage.